Récit des possibilités, limites et stratégies de recherche dans l’archive télévisuelle du réseau public canadien : l’exemple de la médiatisation du terrorisme
Introduction : la médiatisation historique du terrorisme dans les médias d’information canadiens francophones et anglophones
¶ 1 Laisser un commentaire sur le paragraphe 1 0 Ce chapitre discute et retrace les stratégies méthodologiques de recherche dans l’archive télévisuelle du réseau public canadien au prisme d’une étude quantitative et qualitative portant sur la médiatisation historique du terrorisme. Comme les définitions du terrorisme sont nombreuses et fluctuantes sur les plans politique, historique et juridique et nous le mettons ainsi en italique. Ce chapitre n’adopte toutefois pas une définition particulière du terrorisme, car nous nous intéressons plutôt à l’utilisation du terme lui-même. La particularité de la démarche réside en une approche qui privilégie l’exploration des documents d’archive par mot-clé ; ce qui engendre par ailleurs le traitement de données importantes. Sans pour autant ignorer ou réfuter l’importance de l’événement « terroriste », cette approche par mot-clé vise à ne pas porter un a priori sur ce qui relève du terrorisme ou non mais de poser un regard diachronique sur l’usage du mot en tant que tel.
¶ 2 Laisser un commentaire sur le paragraphe 2 0 Le projet de recherche – dont nous présentons les démarches méthodologiques dans ce chapitre – interroge les transformations politiques et médiatiques s’enchevêtrant avec l’évolution du terrorisme (comme acte de violence mais aussi comme concept) tout en essayant de combler le manque d’études historiques de la médiatisation. La rencontre de ces deux aspects mérite d’être problématisée en amont.
¶ 3 Laisser un commentaire sur le paragraphe 3 0 Le concept large de médiatisation renvoie à l’observation de l’expansion, l’intensification et la publicisation d’informations – sur un plan national et international – via les médias telles que la presse, la radio, la télévision, aujourd’hui multipliées par les communications de ces médias en ligne. Les théoricien.ne.s de la médiatisation s’accordent en général sur l’importance et la place des médias comme acteur social à part entière, s’enchevêtrant avec d’autres acteurs, notamment politiques et sociaux. La médiatisation est ainsi vue comme un « processus méta », une approche média-centrée non déterministe (Bolin & Hepp, 2017; Esser & Strömbäck, 2014; Hepp, 2013), qui permet de penser les transformations sociales et politiques conjointement avec l’évolution des technologies de communication et le travail des médias (Lundby, 2009). Parmi les critiques actuelles faites au concept, notamment par Deacon et Stanyer (2014), on peut nommer le nombre restreint d’études ayant recours aux approches historiques de la médiatisation, limite qui commence cependant à être repoussée (Marszolek & Robel, 2016).
¶ 4 Laisser un commentaire sur le paragraphe 4 0 Depuis plus de trente ans, plusieurs recherches en communication et en études médiatiques ont interrogé les liens qui existent entre médias et terrorisme. Dans ces travaux, la question de la médiatisation occupe une place prépondérante, car historiquement, la visibilité médiatique de l’acte terroriste est l’une des visées principales de celles et ceux qui le planifient (Ahmad, 2018; Bertho-Lavenir, 2002; Garcin-Marrou, 2001; Laqueur & Alexander, 1978; Niemeyer 2011 ; Weimann, 1990). La couverture de l’attentat, en tant qu’acte violent mais aussi en tant qu’acte symbolique de communication, fait l’objet de nombreux questionnements chez les chercheur.e.s (Baecker, Krieg, & Simon, 2011; Beuthner, 2003; Crumière, 2010; Dayan, 2006; Fragnon & Lamy, 2008; Lefébure & Sécail, 2016). Tenus de ne pas l’ignorer en raison de leur devoir de transparence démocratique, les journalistes et institutions médiatiques doivent également veiller à ne pas se faire manipuler par les responsables des actes afin de ne pas contribuer à leur glorification (Carignan, 2018; Garcin-Marrou, 2001) ou à la provocation d’autres attentats (Jetter, 2017). La forme et la mise en visibilité de l’acte terroriste est également fortement liée aux techniques de communication dominantes d’une époque donnée (Rétat, 1979) ; sa possible médiatisation se noue aux transformations des techniques de communication. Autrement dit, un acte terroriste au début du XXe siècle, médiatisé via la presse ne se répand pas aussi vite que les « tweet » autour d’une attaque en 2020.
¶ 5 Laisser un commentaire sur le paragraphe 5 0 Malgré le foisonnement de recherches qui émergent depuis les dernières années, la médiatisation du terrorisme demeure encore peu abordée dans une perspective historique longitudinale. Portant très souvent sur l’analyse de « grands » événements (médiatiques), dont les attentats du 11 Septembre 2001, ces travaux contribuent certes à l’enrichissement de la littérature scientifique sur le phénomène, mais se concentrent davantage sur de courtes durées ou sur des événements spécifiques (Bazin et al. 2019; Bugnon, 2012; Crelinsten, 1989; Delli Carpini & Williams, 1987; Garcin-Marrou, 2001; Rétat, 1979; Truc, 2016). Aucune recherche n’a d’ailleurs exploré à ce jour les archives médiatiques canadiennes afin d’interroger, sur une longue période temporelle, comment est médiatisé le terrorisme au pays ni comment la relation qui unit les médias et le terrorisme a évolué. Cette absence de littérature empêche de saisir du même coup les transformations d’un terme et de ses significations, qui se trouvent affectées par les contextes politiques, historiques et juridiques dans lesquels il est produit (Bazin et al., 2019; Schmid, 2011).
¶ 6 Laisser un commentaire sur le paragraphe 6 0 Ainsi, face au manque d’études longitudinales de la médiatisation et plus spécifiquement de la médiatisation du terrorisme, nous avons entamé, à l’automne 2018, une recherche qui a pour objectif de tracer les contours historiques du terme terrorisme dans les médias de presse et de télévision canadiens d’information du XXe siècle à la fin du XIXe, à travers ses enjeux définitionnels, discursifs et ses mises en scènes visuelles. Notre recherche exploratoire se concentre sur les archives de presse écrite et de télévision francophones et anglophones canadiennes, soit les émissions d’information de Radio-Canada et de la Canadian Brodcast Corporation (1952-2001) ainsi que sur la presse écrite, The Globe/The Globe and Mail (1844-2001) et Le Devoir (1910-2001). Nous nous intéressons aux sources archivées datant de la création des médias respectifs jusqu’à l’aube du 11 Septembre 2001, soit une période moins couverte en termes de publications et précédant – comme mentionné plus haut – la multiplication de publications sur les « nouvelles » formes du terrorisme (le choix de ce corpus s’est d’abord fait en fonction de la disponibilité et de l’accessibilité des archives, de l’exhaustivité des données et aussi en lien avec leur importance auprès du public canadien (nombre de vente, taux d’audience etc.). Pour plus d’information sur la problématique générale du projet, consulter notre site web (https://mediatisationterrorisme.uqam.ca/). Ayant entrepris simultanément la collecte et l’analyse des données provenant de ces deux types de médias, nous avons cependant constaté qu’une série d’embûches méthodologiques qui concernent plus spécifiquement le travail avec l’archive télévisuelle. À l’instar des récits de bricolages méthodologiques recueillis par Nelly Quemener et Sarah Lécossais (2018), qui mettent en évidence les parcours non-linéaires et marqués de nombreuses aspérités de la recherche sur et avec les archives médiatiques, ce chapitre laisse place « aux tâtonnements de la recherche » (2018, p.8), desquels émergent des pistes d’analyse pour les études en communication et sur la télévision canadienne. Comme le soulignent les auteures, puisque bien des « chercheur.e.s peuvent se trouver confronté.e.s aussi bien au gigantisme de certains fonds qu’à l’imprévisibilité des découvertes que l’on peut y faire » (2018, p.9), la présentation de ces « coulisses de la recherche » permet d’exposer comment se trouvent affectés les attentes et le déroulement d’une recherche couvrant une longue période et mobilisant un vaste nombre de documents publics. Le récit de l’expérience de travail sur et avec des archives ouvre également sur l’investissement temporel et intellectuel certain de l’équipe de recherche (2018, p.8), en partie dû aux conditions et politiques d’archivage en place.
¶ 7 Laisser un commentaire sur le paragraphe 7 0 Ainsi, le présent chapitre retrace nos cheminements dans ces archives télévisuelles en soulevant des questions à propos des façons de faire de la recherche médiatique et historique avec les archives télévisuelles des deux sociétés d’État et de la place qui leur sont accordées dans la recherche en communication au Canada. Nous y exposons également les stratégies de recherche qui ont été adoptées face à ces obstacles ; soit la recherche par mot-clé ainsi que les analyses de texte par ordinateur des descripteurs télévisuels et des analyses qualitatives thématiques.
La recherche dans les archives télévisuelles canadiennes
¶ 8 Laisser un commentaire sur le paragraphe 8 0 Au cours des dernières années, le sort réservé aux archives médiatiques canadiennes, et plus particulièrement celles de nature audiovisuelle, a fait l’objet de plusieurs critiques. Les chercheures Michele Byers et Jennifer VanderBurgh (2010a) ont notamment relevé les difficultés auxquelles sont confrontées les chercheur.e.s en études télévisuelles, au prise avec des documents originaux parfois plus facilement accessibles aux États-Unis, ou rendus indisponibles en raison des droits d’auteurs qui en bloquent l’accès. Depuis plus de deux décennies, l’état de protection des archives audiovisuelles jugé précaire – et l’accès limité à ce qui est qualifié de « patrimoine audiovisuel » –fait l’objet d’importantes et d’incessantes discussions auprès de spécialistes et de chercheur.e.s. En 1995, le Groupe de travail sur la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine audiovisuel canadien a d’ailleurs publié un rapport qui sonnait l’alarme sur les piètres conditions de préservation et les difficultés d’accès aux archives nationales (Groupe de travail sur la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine audio-visuel canadien, 1995). Les coûts élevés à défrayer par le/la responsable de la recherche pour l’obtention des archives et l’état de leur organisation/classification parfois complexe ont également été également critiqués par John D. Jackson (2001), exposant du même coup les freins et les obstacles auxquelles font face les chercheur.e.s canadien.ne.s souhaitant travailler avec ces matériaux. Cet auteur s’étonnait d’ailleurs du silence des chercheur.e.s face aux risques que connaît la préservation du patrimoine audiovisuel canadien (2001, p.285). Celui-ci constitue pourtant un matériau important pour les études culturelles, télévisuelles (Byers & Vanderburgh, 2010b) ou pour celles en communication. Si de nombreux changements sont à constater depuis ces publications, dus notamment à la mise en place de politiques de partage et à la numérisation de plusieurs contenus issus de ces deux sociétés, la recherche universitaire reste encore confrontée à des enjeux d’accès aux archives audiovisuelles –et ce, même lorsqu’elles sont « publiques ».
¶ 9 Laisser un commentaire sur le paragraphe 9 0 Au Canada, la société d’État canadienne CBC/Radio-Canada (séparée en un réseau francophone et un réseau anglophone) a été le premier diffuseur et producteur de contenu canadien. Depuis 1952, la société s’évertue à conserver toutes les émissions qu’elle a produites et/ou diffusées au sein de lieux spécifiquement dédiés au stockage et à la (re)mise en circulation de ses archives télévisuelles. Malgré le soin et l’attention portés à la conservation et à la valorisation de ses archives, faire de la recherche dans une perspective longitudinale au sein de cette institution pose d’importants défis. En effet, en dépit de la place incontournable qu’occupe ce diffuseur public dans l’histoire télévisuelle canadienne, plusieurs contraintes sont venues baliser notre recherche. Malgré la volonté de conserver et de valoriser ses archives, la société n’est pas exempte des problèmes d’accès et de conservation qui ont été soulevés par les chercheur.e.s (les contraintes que nous avons rencontrées sont principalement de l’ordre de l’accès, mais des problèmes de préservation ont également été constatés : certaines sources plus usées et âgées ne rendent plus l’image et n’émettent parfois que le son. Certains enregistrements ne sont simplement plus consultables pour des raisons de détérioration.) D’abord, bien que Radio-Canada et CBC permettent aux chercheur.e.s du milieu universitaire de consulter gratuitement leurs archives, l’acquisition de contenus sur un support indépendant demeure dispendieuse pour des équipes de recherche. La faible proportion d’archives numérisées ne permet pas non plus leur consultation à distance. Le visionnement doit donc s’effectuer sur les lieux de conservation des archives soit à Montréal (Radio-Canada) et à Toronto ou Vancouver (CBC) ou encore dans les antennes régionales de la Société, qui conservent également leurs propres archives locales. En dépit des nombreux appels lancés pour limiter les conséquences de la détérioration du support originel des plus anciennes, les archivistes consulté.e.s nous ont confirmé que la numérisation des archives de ces sociétés est loin d’être complétée. Cette situation fait écho aux critiques de May Chew, Susan Lord et Janine Marchessault (2018) à l’égard de l’état de vulnérabilité des archives audiovisuelles canadiennes et des difficiles conditions d’accès qui sont le fruit direct d’un manque d’investissement dans ce secteur.
¶ 10 Laisser un commentaire sur le paragraphe 10 0 Contrairement à l’archivage de la presse écrite en bibliothèque, qui a été facilité par les supports multiples et reproductibles des journaux, les archives télévisuelles se trouvent pour leur part essentiellement conservées dans le lieu où elles furent produites ou diffusées. Elles ne peuvent en sortir ni être reproduites sans frais, dans la mesure où elles demeurent la propriété de la société d’État. Outre les archives télévisuelles provenant de certains diffuseurs privés comme le réseau québécois TVA, qui sont conservées au sein de la maison-mère et des différentes antennes des Archives nationales du Canada, les documents de la société d’État sont donc pour la plupart stockés au sein même de leurs locaux. Étant donné l’impossibilité de consulter les archives à distance (hormis certains segments audiovisuels sélectionnés mis à disposition pour le grand public en ligne), les chercheur.e.s se trouvent alors dépendant.e.s de la collaboration des employé.e.s de la société d’État, qui sont les seul.e.s à avoir accès au lieu de stockage des supports audiovisuels. Les titres à visionner doivent donc être spécifiés à l’avance, sans possibilité d’en modifier la liste en cours de séance. Cette procédure encadre donc la méthode de travail des chercheur.e.s, qui ne peuvent alors changer le plan de visionnement préétabli. Pourtant, certaines recherches, telles que la nôtre, demandent une certaine souplesse dans l’accès au contenu puisque des pistes d’analyse sont amenées à se dessiner au fur et à mesure des visionnements. Dans le cas de la consultation des archives de Radio-Canada à Montréal, nous avons dû nous adapter au rythme de l’institution ; des membres de l’équipe de recherche ont noté cependant un peu plus de souplesse à la CBC à Toronto, où le système DIVA permet un accès plus rapide au contenu numérisé. Cela étant dit, dans les deux cas, la consultation des archives n’étant pas ouverte au public ni en libre accès (une accréditation doit se faire, cf. fig. 1), il est nécessaire de prendre rendez-vous à l’avance, étant données l’affluence et la popularité de ce service en interne.
¶ 11 Laisser un commentaire sur le paragraphe 11 0 Il importe de mentionner que nous avons eu accès à un poste de consultation à Radio-Canada au cours de chaque semaine dédiée à la consultation (qui s’est étendue de janvier 2019 à mars 2019 pour la première phase de recherche et de décembre 2019 à février 2020 pour la seconde phase), mais que nous avions été avisées qu’une priorité serait allouée à leurs employés et que plusieurs autres demandes de consultation étaient en cours. Si nous avons eu accès à un poste de consultation à Radio-Canada au cours de chaque semaine dédiée à la consultation, nous avons tout de même perçu une incitation à ne pas étendre les plages de visionnement. En effet, nous avons été avisées qu’une priorité serait allouée aux employé.e.s de la société d’État en cas de besoin. La CBC offre également un espace-travail durant les séjours de recherche à Toronto (cf. fig. 2).
¶ 12 Laisser un commentaire sur le paragraphe 12 0 Comme en fait état Jennifer VanderBurgh (2012) au cours du récit de son expérience dans l’archive de CBC, les espaces et les procédures sont conçus pour la consultation ponctuelle de petit corpus et ne sont donc pas adaptés à une recherche universitaire portant sur un volume important. Cela étant dit, les employé.e.s des deux institutions font de grands efforts pour nous permettre de réaliser notre recherche malgré les obstacles mentionnés.
¶ 13 Laisser un commentaire sur le paragraphe 13 0 Dans le cadre de la recherche longitudinale qui est la nôtre, cet aspect devient aussi une contrainte importante tout en ouvrant un autre spectre d’analyse: le descripteur télévisuel.
Le descripteur télévisuel : un nouvel objet pour interroger la médiatisation du terrorisme
¶ 14 Laisser un commentaire sur le paragraphe 14 0 Disponibles via le logiciel Médoc à Radio-Canada et à CBC, les descripteurs télévisuels constituent l’essentiel de la base de données numérique qui permet d’accéder au contenu analogique ou numérique stocké dans les archives de l’institution. Ces notices bibliographiques ont pour mission de répertorier toutes les émissions ou matériaux bruts (des rushs filmés non diffusés) archivés par Radio-Canada et CBC pour en faciliter le repérage et la sélection (cf. fig. 3).
Titre d'émission: L'ACTUALITE
Médium: TV
Diffusion: 1956-06-24 00:01:00 Réseau: SRC Durée: 00:26:53 No émission: 00-00250-0042
Réseau de production: SRC
Bureau de production de l'épisode: MONTREAL
Formule: REPORTAGE
Secteur: INFORMATION: ACTUALITES
Type de production: PRODUCTION INTERNE
Artisans pour l'épisode: REALISATEUR NON IDENTIFIE, REALISATEUR, STUDIO
No du segment: 2
Titre du segment: Politique étrangère - Attentats terroristes à Chypre
Durée: 00:02:37
Résumé: Reportage sur les actes terroristes et les combats de la guérilla de l'EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes) dirigée par le colonel Gheorghios Grivas et l'intervention de l'armée britannique sur l'île de Chypre en 1956.
En anglais
Descr. sonore/visuelle: RAYURES PAR INTERMITTENCE; en anglais
/ 10:05:36 INT PAN Restaurant où a eu lieu un attentat terroriste contre le consulat américain à Chypre.
/ 10:06:18 Chars d'assaut britanniques sur l'île de Chypre.
/ 10:06:29 PAN Maisons en flan de montagne sur l'île de Chypre.
/ 10:06:37 Des soldats de l'armée britannique en montagne tirent des coups de feu sur des combattants chypriotes, à la recherche du colonel Gheorghios Grivas chef du EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes).
/ 10:07:19 Arrestation de combattants chypriotes par l'armée britannique.
/ 10:07:32 Armes des combattants: sur la crosse d'un fusil les lettres EOKA.
/ 10:07:38 Arrestations de combattants portant des cagoules su la tête.
Artisans, auteurs, compositeurs du segment: REALISATEUR NON IDENTIFIE, REALISATEUR, STUDIO
Descripteur(s): ARMEE CHYPRE GRANDE-BRETAGNE MOUVEMENT DE LIBERATION NATIONALE TERRORISME
Supports:
Montréal, VOUTE, Film, En anglais , 4:3, Définition Standard, V-010255, 10:05:20, Cassette vidéo, BETACAM SP, Noir et blanc, 1/1
Montréal, VOUTE, Film, En anglais , 4:3, Définition Standard, M-010255, 10:05:20, Cassette vidéo, BETACAM NUMERIQUE, Noir et blanc, 1/1
Montréal, VOUTE, Film, 91234, 00:00:00, Film, FILM, Commopt, Noir et blanc, 1/1 Remarques: B-WIND POS
Statut d'indexation: ANALYSE Indexé par: ROYJU Indexé le: 2004-11-02
Modifié par: ROYJU Modifié le: 2016-02-09
DAV (Montréal) 1347543 1106565 1353477
¶ 15 Laisser un commentaire sur le paragraphe 15 0 Fig. 3 : Exemple d’un descripteur télévisuel de la CBC
¶ 16 Laisser un commentaire sur le paragraphe 16 0 Notre corpus de recherche a donc été constitué de tous les segments d’émission de Radio-Canada et de CBC, produits ou diffusés entre 1952 (année de création du réseau) et le 10 septembre 2001, qui contenaient la racine du mot terrorisme (terroris*). Nous avons extrait l’ensemble de ces descripteurs manuellement sous format texte. Le corpus de travail est constitué de 11890 descripteurs (soit 5177 segments pour Radio-Canada: et 6713 segments pour CBC) contenant le mot-clé terrorism*. Ces descripteurs fournissent également des informations intéressantes sur l’indexation du contenu audiovisuel par les archivistes et documentalistes (exemple: la description des images, la date de l’indexation, la durée etc.; cf. fig. 1.). Le descripteur télévisuel est alors apparu comme un nouvel objet d’étude, une source historique spécifique, offrant des pistes analytiques non-anticipées et un complément à l’analyse qualitative du contenu audiovisuel, mais aussi en complément de l’analyse de la presse.
Le descripteur comme source historique de documentation
¶ 17 Laisser un commentaire sur le paragraphe 17 0 Dans le cas des archives de la presse écrite, lorsque leur contenu est numérisé, il est la plupart du temps possible de faire des recherches directes à même ce dernier (c’est au moins le cas pour l’ensemble de notre corpus de presse qui est disponible via la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BaNQ) et ProQuest). Par exemple, nous avons pu collecter tous les cahiers du Devoir (la numérisation se fait par journal, pas par article) où le terme terrorism* apparaissait soit dans le titre ou dans l’article lui-même (25 076 fréquences). Les archives télévisuelles se distinguent en cela des archives de presse, car il n’y a aucune manière d’accéder directement à son contenu. Les descripteurs télévisuels sont créés a posteriori du contenu télévisuel par des personnes situées à l’extérieur de la production télévisuelle, généralement des archivistes ou documentalistes. Ceux-ci sont amenés à créer des titres, écrire des résumés, parfois faire des descriptions des éléments sonores et visuels ainsi qu’à sélectionner les mots-clés qui représentent le plus adéquatement le contenu des extraits ainsi indexés. Les descripteurs rendent donc compte du regard d’une époque – ou pour le moins du regard des archivistes et documentalistes d’une époque – sur ce qui relèverait du terrorisme selon leur connaissance et au moment du travail d’indexation. Comme en témoignent les dates d’indexation et de modification insérées dans chacune des fiches numériques des archives de Radio-Canada et CBC, une grande partie de cette phase d’indexation ou de modification de fiche (du papier, fig. 4 au numérique, fig. 3) a été accomplie au cours des années 2000. Au cours de notre séjour aux archives de la CBC, le documentaliste Arthur Schwarzel (Visual sources, CBC) nous a d’ailleurs montré les boîtes avec les vieux descripteurs papier, classés par thématique « pays » (Algérie) ou « domaine scientifique » (Anthropolgy, cf. fig. 4) et il nous a indiqué que beaucoup de ces fiches n’étaient pas encore numérisées.
¶ 18 Laisser un commentaire sur le paragraphe 18 0 Ainsi, parfois créés ou modifiés plusieurs décennies après la première diffusion du segment télévisuel, les descripteurs participent à la qualification et à l’interprétation du terrorisme. Toutefois, nous avons remarqué que plusieurs descripteurs sont identifiés par le mot-clé « terrorisme », sans que le terme n’apparaisse ni dans les résumés des extraits, le titre ou le contenu de ces mêmes segments. Ces écarts entre la description archivistique et le contenu télévisuel a été aussi noté lors du visionnement d’extraits dans lesquels le terme n’était pas mentionné explicitement bien qu’il apparaissait dans le descripteur. Parmi les sources visionnées à Radio-Canada et à CBC durant notre phase test (environ quarante émissions au total), 9 d’entre elles n’employaient aucunement le terme; les acteur.e.s des reportages discutant plutôt des violences à travers les concepts de guérilla, de mouvement révolutionnaires et autonomistes, etc. De plus, quatre extraits du corpus abordaient le terrorisme, mais en questionnaient d’emblée sa signification. Ces extraits ont offert un aperçu des débats sur la signification du terme et sur la variété de ses interprétations.
¶ 19 Laisser un commentaire sur le paragraphe 19 0 Filtrées par la compréhension historique d’une époque, la classification des documents d’archives indique du même coup comment les appréhensions et les interprétations juridiques, politiques, culturelles du phénomène varient et évoluent au fil du temps. Il se peut alors fortement que le passage du papier au numérique des descripteurs a régalement engendré une modification de mots-clés. Autrement dit, les descripteurs télévisuels sont une source de documentation historique et le lien avec les productions télévisuelles n’est donc pas à tisser de façon à en tenir des conclusions immédiates sur le contenu des documents d’archives (émissions et segments) qui seront visionnés par la suite. En revanche, facilité par leur accès – les descripteurs sont maintenant téléchargeables -, leur analyse permet de tracer premièrement des tendances en matière de médiatisation du terrorisme sur le plan longitudinal (fréquence d’apparition année etc.) et de travailler, deuxièmement, un corpus de données immenses (11 890 descripteurs pour Radio-Canada et CBC) – difficile à visionner et analyser durant le cadre d’un projet de recherche de courte durée. Ainsi, en combinaison avec l’analyse qualitative des archives télévisuelles se propose donc en amont l’analyse de texte assistée par ordinateur (ATO) des descripteurs, connu également sous le vocable de text mining.
L’analyse de texte assistée par ordinateur (ATO) des descripteurs de la CBC
¶ 20 Laisser un commentaire sur le paragraphe 20 0 Permettant de traiter un grand volume de données, cette méthode offre la possibilité de saisir les tendances longitudinales et ainsi de se soustraire à l’exploration par événement (ex. le terrorisme et la Crise d’Octobre). Elle nous permet donc de ne pas circonscrire un échantillon en fonction de dates ou d’acteurs précis, comme le font les recherches qui abordent le terrorisme par la focale de l’événement. Nous mettons ainsi de l’avant les dynamiques récurrentes et les répétitions d’expressions qui traversent les données, dans notre cas le descripteur télévisuel. En identifiant par exemple la fréquence d’apparition des termes dans les 6713 descripteurs qui forment le corpus de la CBC (ex. Figure 5) ou en observant les termes qui sont spécifiques à une époque donnée (ex. Figure 6), nous pouvons dégager des tendances et dynamiques transversales diachroniques pour comprendre les manières dont le terrorisme a été indexé et traité médiatiquement au fil des années.
¶ 21 Laisser un commentaire sur le paragraphe 21 0 Si ce type de traitement de données permet de cerner des tendances ou pointer vers des pistes d’analyses, nous estimons toutefois que la méthode quantitative doit être complétée par une approche qualitative des descripteurs et qu’un visionnement de certains segments télévisuels sont bien évidemment nécessaires pour obtenir une interprétation plus raffinée et plus juste. Retourner dans les corpus de référence pour contextualiser les résultats s’est ainsi avéré crucial pour comprendre non seulement le sens des termes, mais aussi les raisons de leur spécificité. Par exemple, le terme « mau », spécifique au sous-corpus de 1953-1958, apparaît en raison d’actes perpétrés par le peuple kényan « Mau Mau » ayant été qualifiés de terroristes sur le réseau de CBC. Puisque toujours doublée, l’unité textuelle « mau » apparaît deux fois plus souvent et devient, par son importance relative, spécifique à cette période donnée. Ce genre de hasard est également survenu avec le terme « rock ». Sa présence s’explique par la couverture médiatique d’une explosion volontairement mise en place. Elle s’est déroulée déroulé dans la ville Ripple Rock en 1958 ; acte qui constitue par ailleurs un des premiers événements canadiens diffusés en direct à la télévision canadienne. Mais la classification du mot « rock » comme terme spécifique au sous-corpus se noue également à l’apparition de certains segments qui traitaient de « rock and roll ». Cette forme d’intrusion est évidemment liée au procédé d’indexation, qui étiquette parfois au sein d’un même segment télévisuel les mots-clés de tous les sujets traités au cours d’une émission de nouvelles. Dans ce cas-ci, l’usage du mot-clé terrorism* durant la période entre 1953 et 1958 concernait plutôt l’Algérie (ex. fig. 6).
¶ 22 Laisser un commentaire sur le paragraphe 22 0 Comme les descripteurs ne contiennent pas seulement un résumé du contenu, mais aussi une description des images et des sons apparaissant dans les segments audiovisuels, les termes associés à ces descriptions influencent également les résultats. Par exemple, le mot « car » est apparu comme un des termes les plus fréquents du corpus total de CBC et le terme « trafic » comme étant spécifique au sous-corpus de 1958-1963. Un retour dans les segments où ces termes associés à la mobilité automobile confirme pourtant que leur apparition ne s’explique pas à la couverture médiatique d’actes qualifiés de terroristes impliquant une voiture. Cette présence particulière renvoie plutôt au fait que les images de « trafic » sont régulièrement utilisées dans les reportages en ville et que le descripteur télévisuel recense les éléments visuels du segment archivé. Ce dernier exemple soulève les précautions à prendre dans l’interprétation des résultats de l’ATO. En même temps, cet aspect permet également de développer un regard original quant à l’analyse de la médiatisation, notamment sur les manières dont s’opèrent le cadrage journalistique : dans notre cas les façons de filmer et de représenter des incidents ou événements relevant du terrorisme. Autrement dit, des pistes intéressantes s’ouvrent ici pour faire des rapprochements entre l’évolution du cadrage de l’information et celle des pratiques journalistiques. C’est le cas de l’exemple précédent, où les mots « car » ou « trafic » ont permis d’identifier les images de voitures, qui autrement auraient pu passer inaperçues. L’apparition de ces termes met en lumière les stratégies de représentation propre au dispositif télévisuel où les villes sont représentées par des images de trafic et où les intervenant.e.s (souvent des figures politiques comme le montre la suite de nos analyses) sont interviewé.e.s par les journalistes au moment de leur entrée ou de leur départ en voiture. Il s’agit ici d’images illustratives (Lochard et Soulages, 1998) utilisées quand il y a peu d’images de l’acte terroriste en tant que tel.
¶ 23 Laisser un commentaire sur le paragraphe 23 0 D’autres termes apparaissant dans nos résultats sont quant à eux complètement extérieurs au thème du terrorisme, mais au contraire révélateur du processus de médiatisation. Par exemple, « footage » » (Figure 5), « include » (Figure 5) ou « grfx » (Figure 6) sont relatifs à la production journalistique sur le terrain et non au contenu des segments eux-mêmes. La prise en compte de ces termes ouvre la possibilité de comprendre les transformations des pratiques journalistiques. Cette méthode a également le potentiel de faire apparaitre des actes ou des individus (journalistes, « terroristes » ou victimes) peu mentionnés et/ou marginalisés de l’histoire politique ou juridique du terrorisme.
¶ 24 Laisser un commentaire sur le paragraphe 24 0 Le forage textuel des descripteurs télévisuels a donc fait émerger des aspects inattendus de la recherche relevant des pratiques d’indexation des archivistes et documentalistes ainsi que des pratiques journalistiques (techniques utilisées et cadrage de l’information). En revanche, cette méthode ne permet pas d’accéder à un contenu audiovisuel où la notion de terrorisme serait évoquée, mais non-identifiée dans les mots-clés du descripteur. Ainsi, une partie des documents d’archive qui pourraient enrichir l’analyse de cette médiatisation historique du terrorisme est potentiellement vouée à l’oubli. L’analyse des archives de presse écrite pourra éventuellement combler cette lacune. Plus précisément, en se servant des archives de presse comme base de données pour approcher l’archive télévisuelle, il sera possible d’accéder aux contenu télévisuel non-indexé dans le descripteur par le mot clé « terroris* » en procédant par date (fig. 8).
¶ 25 Laisser un commentaire sur le paragraphe 25 0 En dehors de la possibilité de mobiliser les archives de la presse écrite se présente également la piste de l’analyse thématique du corpus.
Aborder la médiatisation audiovisuelle du terrorisme par ses thèmes connexes
¶ 26 Laisser un commentaire sur le paragraphe 26 0 A l’appui des résultats de l’ATO, mais aussi pour répondre à notre objectif premier d’aborder la médiatisation du terrorisme autrement que par une approche événementielle, nous avons créé des sous-corpus thématiques qui réunissent divers segments audiovisuels (principalement des extraits de bulletin de nouvelles, mais aussi des segments d’émission spéciale ou d’information publique). En consultant les résultats de l’ATO, des mots-clés indiquant les thèmes comme « femme » (woman, cf. fig. 5) paraissent. Nous travaillons donc actuellement sur des émissions et segments qui contiennent les mots-clés « terroris* » et « woman » (women, female etc.); une autre piste de recherche intéressante pour interroger les aspects historiques de la médiatisation et représentation des femmes en lien avec le sujet qui nous interpellent.
¶ 27 Laisser un commentaire sur le paragraphe 27 0 D’autres pistes ont émergé afin d’interroger des thématiques qui justement ne paraissent pas via l’ATO mais qui permettent de poser des bases pour pousser les analyses qualitatives plus loin et d’intégrer autrement l’événement que l’on évince comme explicité de prime abord comme entrée dans l’archive. Par exemple, les pratiques de commémoration, qui sont pourtant au cœur de la culture du souvenir et du « memory boom » (Sturken, 2016, 2007) que connaissent les sociétés occidentales, mais aussi des agendas médiatiques et politiques contemporains, n’ont pas émergé comme thème dominant lors de l’ATO – ne paraissent donc pas dans les descripteurs. Nous avons toutefois choisi d’y porter attention pour saisir comment, en rétrospective, l’événement dramatique est présenté, commenté et analysé, qualifié et requalifié. Ce sous-corpus devient donc une façon d’explorer, par exemple, comment les victimes se trouvent honorées et comment les médias participent de cette action. Faire de la commémoration et du souvenir un thème d’analyse ouvre également sur la réutilisation des archives lors des segments dédiés aux mises en contexte et aux reconstitutions des faits, et ainsi d’en questionner le montage et la sélection, de même que les différents assemblages temporels qui en émergent. Ainsi, l’usage des images d’archive joue un rôle primordial pour la survivance de certaines formes de représentation du terrorisme dans l’histoire (Niemeyer, 2011).
¶ 28 Laisser un commentaire sur le paragraphe 28 0 Cette stratégie thématique contribue à mettre en lumière les trames narratives, les modalités de la commémoration et les récurrences quant aux manières de montrer, produire et rendre visible la de la médiatisation du terrorisme. Qui sont les sujets du reportage (les familles des victimes de l’attentat, les politiciens soucieux de la sécurité des citoyens, les accusés de crimes, etc.) mais aussi comment le segment télévisuel est réalisé (à l’aide d’images d’archives, de célébrations filmées en direct, etc.) constituent des portes d’entrées analytiques pour saisir les transformations (et les récurrences) de cette médiatisation spécifique.
¶ 29 Laisser un commentaire sur le paragraphe 29 0 L’ATO combinée à la lecture non-assistée par ordinateur des descripteurs permettent ainsi de dégager un horizon passionnant pour notre recherche/projet. Ces pistes de réflexion pourront également servir de pivot à l’analyse des archives de presse, qui partagent certains de ces procédés (comme les portraits) au sein desquels les actes de rappel sont multiples.
Conclusions et perspectives
¶ 30 Laisser un commentaire sur le paragraphe 30 0 Ce chapitre présente donc une série de bricolages et de stratégies méthodologiques adoptés en regard de nos visées de recherche et des conditions qui balisent actuellement une exploration spécifique des archives télévisuelles au Canada. Ce « récit de coulisses » (Lécossais et Quemener, 2018, p.12) avait pour but de mettre en lumière les obstacles auxquels nous sommes confrontées, mais aussi les nouvelles avenues qui en jaillissent, qui participeront éventuellement au développement des recherches communicationnelles sur les archives télévisuelles au Canada. En partageant cette expérience de recherche, nous souhaitons accroître les réflexions sur les défis que posent la recherche avec ce type de matériau, qui est assez peu utilisé dans le milieu universitaire malgré quelques récentes initiatives qui vont en ce sens.
¶ 31 Laisser un commentaire sur le paragraphe 31 0 La gestion de corpus volumineux, conjuguée à l’analyse longitudinale et à un accès aux sources encadré par les institutions a favorisé le développement de démarches méthodologiques non prévues, mais qui ouvrent sur de nouveaux axes de recherche pour l’histoire des médias et la mobilisation des méthodes numériques (Clavert et Noiret, 2013 ; Milligan 2019). Cette démarche et la collection des données nous a permis de développer un outil qui permet de visualiser rapidement les fréquences d’apparition dans les quatre médias analysés (http://shiny.initiativesnumeriques.org/mediatisation-of-terror/) sans devoir passer par d’autres bases de données ou archives différentes.
¶ 32 Laisser un commentaire sur le paragraphe 32 0 En effet, la question du travail d’indexation des archives audiovisuelles, qu’elles soient sur support numérique ou papier, nous parait particulièrement porteuse, car l’index, le descripteur, se révèle un moyen privilégier d’accéder à ce type d’archive, que ce soit pour les chercheur.e.s ou pour les personnes œuvrant dans la production audiovisuelle. Le descripteur en tant que tel peut se comprendre comme source historique. Les changements apportés aux descripteurs au fil des années – notamment au moment de leur numérisation ou leur archivage tout court, posent la question très simple : Qui – donc quel.le.s documentalistes et archivistes, et à quel moment et pourquoi – participent à l’indexation du contenu et amène en l’occurrence un regard, une interprétation spécifique sur une époque passée ou en cours ? Une recherche interviewant les archivistes et documentalistes – dans notre cas plus précisément au sujet des descripteurs contenant le mot terroris* mais qui ne revient pas dans le document d’archive consulté – serait un travail historiographique passionnant à faire afin de comprendre les interprétations historiques en aval des occurrences et sujets d’actualité.
¶ 33 Laisser un commentaire sur le paragraphe 33 0 Ajoutons en guise de conclusion également que malgré que le mandat de Radio-Canada et de CBC soit construit autour de l’accès public à l’information, le manque de ressources accordées à ce que plusieurs qualifient de « bien public » et d’« héritage culturel » (Knapskog, 2010) révèle des lacunes dans les responsabilités qu’une telle institution se doit d’exercer (Wylie, 2006). En raison du lien privilégié que les services publics de télédiffusion ont tissé avec les citoyens au fil des ans, les appels à la constitution d’une archive télévisuelle accessible continuent de se faire entendre (Wylie, 2006). Bien que l’accès au contenu archivé de la CBC, mais aussi de Radio-Canada – se soit amélioré au cours des dernières années grâce aux projets de numérisation en cours, l’avenir de la recherche sur la télévision canadienne n’est pas plus facilité, comme le suggèrent Byers et VanderBurgh :
¶ 34 Laisser un commentaire sur le paragraphe 34 0 While certain forms of availability of Canadian television appear superficially to make Canadian television more accessible, we are concerned that a culmination of factors makes the future look bleak for Canadian television research. Without a dedicated archive, television produced in Canada has been saved and stored inconsistently. Despite the fact that virtually all Canadian-made Television has been publicly funded in some form, there has never been a requirement to deposit copies of texts in public archives – texts that were produced rhetorically in the public interest. While the Canadian Radio-television Telecommunications Commission (CRTC) requires Canadian broadcasters to keep written logs to account for what they show on television, they are not required to archive the recorded television broadcast. As a result, broadcasters’ libraries are not necessarily reliable archives. (2010a, p.112)
¶ 35 Laisser un commentaire sur le paragraphe 35 0 Dans un tel contexte, produire de la recherche à partir des archives télévisuelles public réitère leur caractère essentiel pour la connaissance, mais souligne aussi au passage le besoin d’investir les ressources nécessaires à offrir un meilleur accès pour les chercheur.e.s et le public en général.
¶ 36 Laisser un commentaire sur le paragraphe 36 0
Bibliographie
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