Autour d’une machine à café virtuelle. Twitter et les historien·nes
¶ 1 Laisser un commentaire sur le paragraphe 1 0 [Texte en cours d’écriture]
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¶ 3 Laisser un commentaire sur le paragraphe 3 0 [7 octobre 2017]
¶ 4 Laisser un commentaire sur le paragraphe 4 0 Ce matin, mon fil Twitter bruisse des rires de collègues qui s’amusent d’une parodie : l’histoire du « Cheval blanc d’Henri IV » de Michelet à Lorant Deutsch.
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¶ 6 Laisser un commentaire sur le paragraphe 6 0 On relaie, plaisante, commente : ne manquerait-il pas un peu de femmes dans cette parodie ? D’autres postent des photos des Rendez-Vous de l’Histoire de Blois, sous le mot-dièse #RVH2017 : l’histoire y apparaît plongée dans le brouillard.
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¶ 8 Laisser un commentaire sur le paragraphe 8 1 Toute la journée, la petite communauté historienne aura l’occasion de suivre les multiples débats, pour peu que des collègues veuillent bien « live-tweeter » les discussions sur le réseau. Twitter, où comment être là même en étant absent. La veille, des débats plus sérieux avaient éclaté au sujet du « Libération des historiens » et d’un article comparant la « radicalisation » d’un poilu et de Mohammed Merah.
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¶ 10 Laisser un commentaire sur le paragraphe 10 0 Passes d’armes en 140 caractères à propos de méthodologie et d’éthique de la comparaison. Twitter, ou la sérendipité historique : on est toujours certain de trouver ce que l’on ne cherchait pas. Mais on peut quand même y trouver aussi ce que l’on cherche : y-aurait-il quelqu’un qui aurait le PDF de l’article « ultramontain » du Dictionnaire des faits religieux ? Des idées de ressources pour de l’enseignement de la méthodologie en L1 ?
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¶ 12 Laisser un commentaire sur le paragraphe 12 0 Jour après jour, le fil twitter des historien·nes remonte dans ses filets une pêche miraculeuse : annonce d’événements scientifiques, de sorties d’ouvrages, d’ouvertures de postes, vulgarisation de points délicats de l’histoire. Chacun·e participe de cette intelligence collective : institutions, revues et groupes de recherche y ont désormais leur espace. Twitter est devenu une extension du bureau ou de la machine à café, où l’on vient échanger petites et grandes informations, perdre du temps et en gagner.
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¶ 14 Laisser un commentaire sur le paragraphe 14 0 Les réseaux sociaux ont longtemps pâti d’une réputation d’inutilité et de perte de temps ; on les présentait comme le parent pauvre du travail, les minutes volées à la productivité, et, dans le cas de la communauté des historien·nes, à l’écriture et à la réflexion. À rebours de cette conception, et en accord avec des réflexions similaires menées ailleurs, je voudrais montrer ici les richesses ouvertes par le réseau social Twitter pour la recherche en histoire. L’ouvrage d’Arlette Farge souligne à plusieurs reprises le caractère solitaire de l’enquête historique ; Twitter ouvre une faille dans cette solitude, puisque le réseau représente une salle dotée d’une machine à café que l’on pourrait emporter partout avec soi, y compris dans les centres d’archives les plus isolés. Dans cette salle virtuelle échangent chercheurs et chercheuses de tous âges et de toutes institutions ; on y parle du métier d’historien·ne, de documents, de pistes de recherche, de projets scientifiques. On informe et on s’informe.
¶ 15 Laisser un commentaire sur le paragraphe 15 0 Insérer ici un petit schéma montrant comment fonctionne Twitter ? Je ne sais pas si cela existe.
Une passerelle vers l’archive
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Twitter constitue un lieu d’échanges et de partages autour des documents d’archives. Les formes de bouche à oreille et de diffusion de l’information autour des archives sont accélérées. En effet, les différentes institutions partagent leurs trésors : les centres d’archives, mais aussi les bibliothèques, ou encore les URFIST (Unité Régionale de Formation à l’Information Scientifique et Technique) qui réunissent des ressources pour former les chercheurs. La Bibliothèque Nationale de France diffuse ses contenus via le compte Gallica et la communauté dynamique qui le relaie. L’URFIST de Paris-Sorbonne met en ligne des compte-rendu de séminaires présentant toute une série de corpus numérisés, de la Révolution française aux bibliothèques dédiées au XIXe siècle. Les institutions patrimoniales elles-mêmes utilisent Twitter pour faire connaître leur fonds : le compte MémoireViveBesançon présente et décrit des fonds riches et peu utilisés, ce qui permet aux enseignants comme aux chercheurs de se les approprier. Les services d’archives sont désormais très présents sur le réseau, et donnent à voir les multiples facettes des documents :
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¶ 18 Laisser un commentaire sur le paragraphe 18 0 D’autres services choisissent d’entraîner directement utilisateurs et utilisatrices dans une expérience historique étrange : voir un personnage mort depuis longtemps commenter au présent ses propres documents, comme Jules Legras ci dessous :
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¶ 20 Laisser un commentaire sur le paragraphe 20 0 C’est aussi un espace où l’on parle des archives, notre matière première, avec les autres. Documents remarquables et/ou amusants sont pris en photo puis mis en ligne.
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¶ 22 Laisser un commentaire sur le paragraphe 22 1 Le partage et la mise en ligne permettent aussi d’obtenir de l’aide en paléographie quand il faut déchiffrer le document. Chacun peut y bénéficier de l’expertise collective et poser ses questions ; il y aura toujours un archiviste ou un membre de société savante pour apporter une réponse. L’expérience du travail en archives est ainsi prolongée, partagée et enrichie. C’est toute une pratique du métier qui se donne à voir sur le réseau. [On peut aussi proposer une liste de comptes de services d’archives à suivre par le jeu des liens hypertexte ?]
Rompre la solitude
¶ 23 Laisser un commentaire sur le paragraphe 23 0 Cet enrichissement repose sur l’échange possible avec une communauté d’historien·nes désormais bien installée sur le réseau. Un sondage récent mené par Fanny Cohen Moreau (@FannyCOMO) visait à observer la répartition des utilisateurs et utilisatrices par période (contemporaine, moderne, médiévale et ancienne) a réuni près de 4299 participants ; cela ne signifie pas, bien sûr, que tous soient historien·nes mais cela révèle la présence d’une importante communauté de doctorant·es, étudiant·es, professeur·es et chercheur·es qui échangent autour de l’histoire au quotidien.
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¶ 26 Laisser un commentaire sur le paragraphe 26 0 Tout comme la salle commune d’un laboratoire, ou la machine à café autour de laquelle gravitent les collègues, Twitter est un espace de découverte d’un monde professionnel, de ses codes et sociabilités. Au hasard d’une conversation, on peut être mis en contact avec un·e collègue proche de nos thématiques, reconstituer des réseaux d’intérêts et de travaux communs. La mini-biographie demandée aux membres de Twitter sert bien souvent à préciser les mots-clefs des recherches menées et ainsi à être identifié·e dans son champ.
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¶ 28 Laisser un commentaire sur le paragraphe 28 0 Le réseau permet aussi de voir les autres au travail et de donner une idée du quotidien de la recherche et de ses différentes activités aux étudiant·es, dont bon nombre suivent leurs professeur·es. C’est un espace d’ouverture de l’atelier de l’histoire : on lit comment elle s’écrit et avec quels matériaux. Ces formes de sociabilité sont traversées de polémiques (voir plus haut) mais aussi de plaisanteries, d’un humour qui rejoue les guerres entre spécialistes (d’archéologie, d’histoire médiévale, d’histoire contemporaine) ou qui tourne volontiers en dérision les stratégies d’évitement qui existent quand une tâche difficile doit être accomplie.
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¶ 30 Laisser un commentaire sur le paragraphe 30 0 Ces boutades et conversations soulignent à quel point le réseau est devenu un prolongement des cercles traditionnels de sociabilité professionnelle.
¶ 31 Laisser un commentaire sur le paragraphe 31 0 Cette sociabilité est particulièrement importante pour les doctorant·es. En Sciences Humaines et Sociales, rares sont ceux et celles qui disposent d’un bureau dans leur institution, ou d’un financement pérenne du début à la fin de leur thèse. Twitter offre alors une fenêtre sur les autres dans les heures du travail solitaire, chez soi, en archives ou à la bibliothèque, et aide à lutter contre le découragement du coureur de fond. Cette fenêtre s’ouvre aussi sur les activités scientifiques de la communauté des sciences humaines et sociales.
S’informer/Informer
¶ 32 Laisser un commentaire sur le paragraphe 32 0 Twitter facilite la diffusion et le recueil d’informations. C’est un outil de veille et de communication. Ces informations qui circulent sont de nature très diverse : des annonces d’ouvertures de postes, des journées d’études, des appels à communication, des parutions, des événements scientifiques au sens large. La plupart des institutions de recherche ont désormais un compte : universités, laboratoires et mêmes revues académiques.
¶ 33 Laisser un commentaire sur le paragraphe 33 2 Calenda et Fabula relaient systématiquement les annonces mises en ligne. Les institutions ne sont pas les seules à diffuser l’actualité de la recherche : chaque membre du réseau communique aussi sur ses activités personnelles, que ce soit dans l’organisation ou la participation :
comment être là même en étant absent : justement, comment gérer cette tentation d’être de plus en plus dans le fil pour ne rien perdre ? on pourrait passer sa journée sur twitter à recueilli des informations, est-ce que finalement ça ne nous conduit pas à être un peu partout en même temps avec les difficultés que ça entraîne ?